Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
315
CE QUE DISAIT LA FLAMME…

adroites, bien mûries, bien effectives, pacifieraient les exigences, les clameurs de la conscience. Et d’ailleurs, la conscience en gémirait-elle ? Irritable, à cause des réflexions persistantes, de l’effort pour les évincer, de l’insuccès, il se sentit méchant tout-à-coup, dominé par une sorte d’impatience féroce. Des soupçons injustes, lâches, l’étreignirent. Il ne les secoua pas à l’instant même. Lucile, avec une hypocrisie rouée de femme, s’était mise en lumière avantageuse, avait masqué l’intention de plaire et de se capter un mari magnifique. Jean scruta sa mémoire pour y chercher les indices, les preuves de ce hideux intérêt. Il fut indispensable de questionner le visage, le sourire, les yeux de la jeune fille. Il repoussa violemment leur charme, leur émotion franche, il désira trouver en eux de l’imposture et de la comédie. Mais trop nimbés de reconnaissance et de bonté, trop ravissants, ils combattirent, insistèrent, furent victorieux de l’insulte, de la colère. Le cœur de Jean leur céda, fut emporté vers le repentir ; et là, en ces lointains de la conscience, il eut de la pitié, de la souffrance, il eut honte de lui-même, il pressentit qu’un amour très grand triomphait, il connut l’extase de s’abandonner à lui…

Plus tard, au cours des heures tendues où le sommeil refusa de l’en affranchir, l’obsession le