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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

reprit, le hanta d’ombres pénibles. Il dormit enfin, mais il fut alarmé par des cauchemars et beaucoup de réveils brutals intervinrent. Il reçut d’une pareille nuit le mal de tête le plus âpre : le cerveau, d’un écrasement vigoureux, l’alourdissait tout entier. Jean ne dirigeait sa pensée qu’avec paresse et torture : il lui sembla qu’une paralysie partielle en affaiblissait l’élan. Peu à peu, le problème en lui se redressa, plus intense que la veille. Il éprouva encore une brisure de la dépression : elle reculait, elle s’évanouit. Un courage fervent domptait l’âme, la poussait à connaître, à ne pas fuir, à vouloir. Jean, avec l’illusion d’être froid, parce qu’il est des moments d’énergie brûlante où l’on se croit impassible à force d’avoir l’esprit lucide, plus encore avec droiture et probité, Jean s’interrogea, se pénétra longuement. Devant l’image de Lucile, dont nulle préoccupation maussade aujourd’hui ne ternissait la douce et blanche lumière, il voulut ne pas se mentir à lui-même, accepter en leur plénitude les conclusions d’un jugement loyal. C’était l’heure pour lui de ne plus se laisser ravir par un idéalisme flottant, de ne plus errer au caprice d’une sensiblerie amusée, c’était l’heure de fixer le devoir et d’y fermement courir. Après l’accalmie des instincts médiocres, le soir précédent, il crut succomber à un