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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

dée, ennoblie. En l’esprit convaincu de son ami, elle ne rappelait d’aucune façon l’héroïne de roman, elle valait beaucoup mieux, elle était elle-même neuve et personnelle, connue et précise, une œuvre de la tendresse divine et humaine. Les âmes ouvertes à Dieu se gonflent d’un attendrissement qui les élève et les affine. Aussi méditative qu’impulsive, jamais servile, la piété de la jeune fille déposait en elle une joie sublime et rêveuse dont quelque chose lui demeurait toujours. Bien qu’il fût si différent, n’était-il pas un peu la même chose, le culte pour ses parents, mélange d’allégresse et de bonté pensive ? N’était-elle pas un peu la même chose, l’affection pour ses frères, grave et chaude ? Elle les chérissait tous, leur avait répandu son cœur en effusions et en services infimes ou grands. Eux-mêmes, de leurs yeux miroitant de reconnaissance ou d’amour, ne l’avaient-ils pas récompensée, remuée, enrichie ? Et Thérèse à ses flancs ne s’accrochait-elle pas éperdument ? Quelle expansion de l’être bon de « Cile » vers la petite sœur croissante, quelles ivresses à l’instruire, à la dorloter, à la faire vibrer de sagesse et d’affections ! Au milieu de la famille une et recherchant en cette union même le bonheur indispensable d’être compris, d’être aimé, comblée ainsi de tendresse et n’en ayant jamais assez pour diffuser elle-