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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

d’une ardeur saine et optimiste à la vie, à ce qu’elle devait être selon elle, un ensemble de devoirs précis, indiscutables, même lorsqu’ils forçaient au sacrifice ou à la souffrance. Pouvait-elle, d’ailleurs, se figurer une obligation moins tyrannique ? Sa vision de l’effort, de l’honneur et de la bonté ne les dessinait-elle pas comme autant de choses normales, souvent mises en pratiques ? Tout cela jaillissait limpide aux yeux de Jean, et pourtant, le fait que rien de choquant, si peu que ce fût, ne rendît ces qualités morales désagréables, l’enchantait d’admiration. Qu’il n’y eût pas de raideur en cette vertu, de mignardise en cette gentillesse, de manie en ce dévouement, de bêtise en cette humilité, de naïveté en cette franchise, d’étalage en cette finesse, n’était-ce pas… attirant ? Imprégnée du fluide religieux, aimant son Dieu d’un élan vrai, pratiquante émue, elle s’était tenue hors de l’excès, de la toquade et de la rigidité. Sa foi était plénière, docile, mais sans fièvres ou hébétement. Comme tout ce qu’elle faisait, sa prière était de la vie chaleureuse unie à de la sérénité…

Paix et ardeur, douceur et fermeté, bravoure et modestie, quel délicieux équilibre d’âme, quel rayonnement d’intime beauté ! Lucile n’était si admirable que parce que l’amour l’avait façonnée, entourée, veillée, défendue, inspirée, gui-