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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

parure ? Était-ce là de la franchise en face de la pensée et de l’idéal ? N’avait-il pas adjuré la sœur volage de reléguer les ambitions stériles à l’arrière-plan de sa volonté, de ne pas vivre pour elles, s’il fallait ne pas vivre sans elles ? Il s’est insurgé contre un amour appuyé sur elles et tendu vers elles. Et pour édifier un obstacle entre l’ouvrière et lui, n’est-ce pas de motifs illusoires et subalternes qu’il use ? De telles réflexions le fouettèrent au sang : il était confondu, atterré, déçu inexprimablement de lui-même. Des moments de doute, de désenchantement, de veulerie, d’égoïsme le sillonnèrent, comme des pointes de feu atroce. Mais trop homme d’énergie pour se laisser avilir par l’inertie et le pessimisme, il eut avant longtemps un sursaut de courage et d’orgueil, il remonta du puits morbide vers la lumière immense… Il fut ensoleillé par un devoir éclatant. Lucile avait en lui suscité une passion dont le plus noble et le plus haut de lui-même palpitait, un grand besoin d’indulgence et de paix, de vérité et d’abnégation. De quelle façon logique son amour ne faisait qu’un seul et même idéal avec l’action patriotique aperçue et voulue, et qu’il suppliait Yvonne et son père d’admettre, il l’entrevit. Sachant que tout peu à peu s’éclaircirait, que bientôt le mariage avec une jeune fille du peuple l’éblouirait comme