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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

sentiment inconnu de responsabilité : puisqu’elle se livrait d’elle-même à ce mariage, puisqu’elle détournait les objections, se garantissait le bonheur qu’elle espérait, elle n’aurait de comptes à rendre qu’à elle-même du succès ou de la faillite de son rêve. Tant d’amour, sans doute, affaiblit les doutes jusqu’à les rendre exécrables. Mais dès que les premières malices de Lucien le lui permirent, ils reprirent d’assaut la conscience d’Yvonne. Comme ils étaient changés, comme ils étaient puissants ! La sensation de responsabilité écrasante de nouveau s’appesantit sur elle. La torture devinée par Jean la cernait d’un lien plus étroit chaque jour, la briserait, mais elle se rappela sans cesse qu’elle s’était elle-même offerte au désastre possible.

Comme il s’est rué vite sur elle, le désastre de l’espoir qui l’avait exaltée ! Au bonheur dont elle avait fixé les contours à l’avance, dont elle devait s’assurer l’existence au gré de son désir, elle croyait d’un instinct irrésistible, d’une volonté solide. Elle l’entrevoyait si lumineux, si haut, si prochain que, fatalement, elle en serait bientôt nantie, pour toujours…

Elle sent, elle se désespère qu’il se dissipe, mirage derrière lequel se préparait le vide !… L’impression est trop navrante, il faut qu’elle réagisse d’un ultime effort pour triompher de