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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

re Jean, notre race a besoin des cœurs et de l’énergie de ses fils. Nous donnerons un peu de nous-mêmes à des œuvres sociales et nationales pour le relèvement, pour la survivance de notre race. Jean t’expliquera, il m’a entraînée, il t’entraînera ! Vois-tu, Lucien, j’ai peur du luxe seul, de l’oisiveté : elle nous séparera, elle nous roulera vers le malheur… Dis-moi, si un grand dévouement nous lie, nous passionne, nous élève ensemble, notre amour n’en sera-t-il pas lui-même renouvelé, fortifié, meilleur, plus sacré, plus éternel ? Nous en reparlerons, je serai plus claire, tu verras mieux. Promets-moi d’y songer, de m’être loyal ! Bientôt, mon cher ami, tu voudras, je te posséderai merveilleusement ! Oh ! que je serai heureuse !

En définitive, c’est de la manie… La hantise du rêve patriotique lui revient. Lucien n’avait pas douté jadis que ce ne fût qu’une puérilité de jeune fille, un caprice d’imagination étourdie. Il n’est plus en face d’une obsession fugitive, il se heurte à un vœu net et solide, à un ordre qu’on lui donne à travers des larmes puissantes. Bien qu’Yvonne, en effet, suppliât et se servit de mots humbles, de la vigueur éclatait dans sa voix et de la conviction flambait dans son regard : elle a été si vibrante, si bonne, si gentille de force et de tendresse, l’épouse qu’à