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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

fait de la peine de vous voir si triste ! Je n’ai pas de mots pour vous remercier de votre générosité, de l’honneur que vous me faites… Vous allez le comprendre vous-même. Je ne suis pas capable de vous dire cela. Je suis trop inégale, trop étrangère à vous, je suis certaine que vous le regretteriez. Je vous ennuierai, je serai dépaysée, je serai gauche au milieu des vôtres : je serai l’intrigante, l’enjôleuse pour l’argent… Ne voyez-vous pas que je dois être courageuse au-delà de ce que je peux dire ? Je le dois à votre bonheur !…

— Ce que vous devez à mon bonheur, c’est vous ! Je ne veux plus entendre ces scrupules, il me faut d’autres paroles, celles dont je vivrai toujours après les avoir entendues !

Comme devenue insensible par l’inflexibilité de la résolution prise, elle interrompit si ardente qu’il eut à la laisser grossir l’obstacle :

— Non, vous dis-je, mon ami, c’est impossible ! Je vais être franche… Il y a quelques semaines, j’ai lu le récit du mariage de votre sœur. Quelle fête ! quelle richesse ! quelle élégance ! Tout à coup, des larmes ont bondi à mes yeux, je me sentais petite, si loin de vous, triste jusqu’au fond du cœur… Puis, je me suis aperçue combien j’étais sotte, vaniteuse. Vous ne veniez à moi qu’irrégulièrement, je ne pouvais espérer de