Aller au contenu

Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/422

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ce n’est pas de la ruse, mais de la convenance, de l’amour de fils !…

Il est, sincère. D’abord, le renfrognement de son père lui a conseillé la vigilance. Il ne voulut pas exposer sa confidence aux risques d’une humeur aigrie, mais une impulsion soudaine l’attendrit : une angoisse visible obsédait, son père qu’il devait un peu guérir. Parce qu’il allait en requérir de la bonté, Jean lui-même se sentit, pour lui gonflé de compassion.

Gaspard, amolli par les dernières paroles de son fils, s’obstine à garder la bouche close. Le fils, pressant, répète :

— Si tu as des ennuis, de la peine, si on t’a humilié, pourquoi ne pas m’en rendre solidaire ? Il y a trop peu de confiance entre nous !

— À qui la faute ?

— Tu as raison, nous sommes tous deux coupables ! Commençons à vivre plus l’un de l’autre, dis-moi ce qui t’afflige…

— Que t’importe ?

Jean éprouva qu’on rejetait son offre de sollicitude, de vie plus absolument affectueuse : quelque chose d’aigu lui fouilla le cœur.

— Tu ne veux donc pas que nous soyons amis ? dit-il, avec beaucoup de tristesse.

— Tu ne m’as pas saisi ! protesta l’autre, sincère. J’ai voulu dire que ça ne pouvait pas t’in-