Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/427

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— Pardon, mon père, on a été obligé de te mettre l’épée dans les reins ! s’écria Jean, un sourire d’affectueuse raillerie lui détendant le visage.

— Et tu as le tour de cette épée-là, car j’ai marché de l’avant !

— Eh bien, mon cher père, en avant ! Tu m’as fourni le début qui me gênait, la confiance en moi-même et en toi ! J’ai besoin de ton cœur… Le cœur seul, vois-tu, doit s’ouvrir à de telles choses… Élargis le tien bien vaste, pour qu’il comprenne le mien tout entier, à chacun des mots, à chacune des secondes…

— Tout cela pour me dire que tu aimes une jeune fille, je suppose ? Tu appelles cela marcher de l’avant ? Mais on dit : j’aime Antoinette… Lucie… l’ainée de Pierre… de Jules… on fait claquer cela dru comme un nom de victoire !

— Nous le ferons claquer ensemble, tu me le promets ?

— Comme si tu pouvais avoir fait une bêtise !

— Tu connais bien François Bertrand, un de tes meilleurs ouvriers, mon père ? fit Jean, à brûle pourpoint.

— Qu’est-ce qu’il vient faire ici, lui ?

— Mon bonheur, mon cher et grand bonheur ! Sa jeune fille, Lucile, est ravissante, douce à l’extrême !… Te rappelles-tu que François