Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/450

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ressuscitent, ils sourient : que c’est bon d’être charitable !

— C’est un devoir et un grand bonheur ! dit Jean, vaguement.

— Comment te sens-tu, Bernard ? Es-tu assez fort pour me répondre ? interroge le voisin.

Un sourire, en effet, se répand sur le visage du père, un feu vif a tressailli aux profondeurs de son regard. Cette flamme, comme celle du brasier, fascine Jean, le bouleverse d’un attendrissement mystérieux…

Il ajoute lui-même pour que Bernard, le gueux s’apprivoise :

— Nous sommes vos amis… N’aie pas honte !… Nous savons que ce n’est pas de ta faute. Je suis médecin, je comprends tout…

— Bien vrai ? dit enfin Louis Bernard, les prunelles démesurées, mais d’où l’hébétude enfin se retirait.

— N’ai-je pas bien deviné, mon ami ? répéta Jean, c’est la maladie qui t’a découragé…Sur ton visage, j’aperçois beaucoup de vaillance… Tu es brave, si brave, qu’au jour de la misère noire tu n’as pas voulu qu’on allât mendier…

Un coloris soudain transforma les traits de l’ouvrier, son front s’érigea fier comme celui d’un roi. Jean ne se lassait pas de contempler la flamme à chaque instant plus radieuse, plus