Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/449

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les quelques meubles et ustensiles vieillis, misérables. Un long frisson de miséricorde empoigne le jeune homme, un désir intense de bonté l’embrase. Ils n’ont pas encore dit une parole de reconnaissance ou de joie, les pauvres êtres affolés par la rage d’apaiser leur faim : Jean attend qu’elle, éclate de leur cerveau reprenant connaissance de la vie…

La flamme, à l’intérieur du poêle, palpite et s’agrandit. Plus vive, la chaleur se déverse, inonde la pièce qui dégèle. Avec des cris de bêtes satisfaites encore, d’un instinct puissant de revivre, les Bernard se traînent jusqu’au brasier. Jean la voit briller et sourire, jusqu’au milieu de la petite ouverture, la flamme souple et, bienfaisante. Il se laisse éblouir, subjuguer par elle. Joyeuse étrangement, d’une voix ardente, elle tient un langage, et c’est confus, grave et tendre, et cela malgré lui l’attire…

Il fait écho d’une âme lointaine il la jubilation du voisin, orgueilleux de son dévouement, du bien-être qu’il ramène à tous ces gens terrassés par la douleur. Il s’est écrié :

— Bonté du ciel ! Que ça fait du bien de les voir ! Pensez-vous ? Monsieur le docteur, si vous les aviez vus quand on les a trouvés, le cœur vous aurait fendu. Regardez-moi cela, ils