Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/455

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Bernard l’héroïsme et la fraternité… Alors que Lucile, enivrée d’un rêve sublime, a l’hallucination que le feu de l’âtre l’embrase elle-même…

Une intuition subtile et brusque enfin l’éveille : Jean, trop longtemps, demeure loin d’elle. N’a-t-il pas assez livré de lui-même à la famille des gueux ? Elle désire que son cœur s’éloigne d’eux pour lui revenir : elle a un besoin indicible qu’il ne batte plus que pour elle seule…

— Je commence à être jalouse, dit-elle, avec un reproche voilé d’exquise tendresse.

— Jalouse ? questionne Jean, avec une raillerie très affectueuse. Je ne te comprends pas, Lucile…

— À te voir sourire, je sais que tu as compris. Tu veux que je parle, n’est-ce pas ? Je connais tes ruses !

— Puisque mon sourire a parlé le premier…

— Ah ! Jean ! c’est habile autant qu’il y a moyen de l’être, mais tu ne m’échapperas pas, tu m’entends ! dit-elle, beaucoup plus gaie.

— Nous allons bien voir. Et d’abord, c’est à ton tour de parler

— J’ai dit tant de choses déjà…

— Je ne m’en souviens plus.

— Jean ! s’écria Lucile, avec une protestation vive de tout son être.

Comme il fallait peu de chagrin pour la faire