Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/61

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dedans, bon ! » Et la croûte demeurait chef-d’œuvre.

Sinon un chef-d’œuvre artistique, c’est une merveille de ressemblance que le portrait de Gaspard Fontaine, là même, impérieux, drapé d’orgueil. Ce visage reflète quelque chose d’empoignant, de supérieur, il frémit de vigueur, d’énergie tendue, d’inflexible volonté. Les yeux, surtout, sombres, incisifs, lancés vers l’avenir, font éclater une passion d’agir impétueuse. Le crâne, en partie nu comme l’aubier dont on a séparé l’écorce, élargit le front dominateur. De cet homme, une force attirante déborde, et on le déclarerait issu de noble lignée, sans le désordre des sourcils, la structure disgracieuse du nez, la carrure massive du menton, la ligne pâteuse des épaules.

Tout près de celui-là, moins grands, moins envahisseurs, les portraits d’Yvonne et de Jean s’illuminent d’un sourire. Les autres portraits de famille ne sont pas là. Le pieux usage de grouper ensemble, en une cohorte d’honneur, les anciens et les vivants n’est pas reconnu dans le salon moderne de Gaspard Fontaine, et on a l’impression d’une race qui, sans aïeux, étale une bizarre fierté de n’en pas avoir.

Lucien Desloges, d’une voix modulée comme les suaves notes du violoncelle, complimente la jeune fille, à l’instant même.