Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/97

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pas étonnés. Ne pas faire comme eux et l’asile, c’est presque la même chose !

— Au fait, Paul, quelles conclusions dégages-tu de cette première séance du Congrès ?

— Et quelles sont les tiennes, Jean ?

— Nous sommes d’assez vieilles connaissances pour nous parler franc et net. Avoue-moi ce que tu penses, je ne te dissimulerai rien moi-même…

— De fortes paroles nous ont secoués, de véritables élans d’enthousiasme m’ont soulevé… et puis…

— Et puis ? ce n’est pas tout ?

— Pour moi, c’est tout…

— Si c’est tout pour toi, comment peut-il en être davantage pour tant d’autres, presque tous les autres ?

— Que veux-tu dire, Jean ?

— Que je suis triste…

— Allons ! tu badines, et pourtant, c’est vrai ! Ton visage trahit une souffrance… et pour ce que j’ai dit…

— Comment t’expliquer ?

— Tu étais bien taciturne tout à l’heure : est-ce la même chose qui pèse ?

— Oui, tous avaient applaudi : combien de ceux-là feront quelque chose pour leur langue, pour la race canadienne-française ? Tous retournaient à leur confort, à leurs égoïsmes…