Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/96

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l’excentrique. On ne te pardonnait pas cet amour de la forêt ; tu en auras fait la confidence, avec ta franchise la plus loyale, à l’un de ces faussaires d’amitié qui dénaturent les effusions dont on les croit dignes et qui les salissent. Être indépendant, c’est une infamie ! Un excentrique, c’est-à-dire, un maniaque, un déséquilibré ! Ah, celui qui t’a trahi savait ce qu’il faisait ! L’opinion te marquera d’un fer rouge, t’inscrira sur ses tablettes d’exil.

— Il est vrai que je suis expansif, quelqu’un en a abusé… Qu’as-tu répondu ?

— Ce qu’il fallait répondre, que c’était faux, qui tu étais sincère, que tu ne méprisais pas ta vie ancienne, parce que ta vie nouvelle t’enchantait, que…

— Je te remercie de l’avoir fait, j’en suis touché, Jean. Ne t’offense pas, si j’ajoute : à quoi bon ? Peut-on me ravir cette liberté dont on me flagelle comme d’une honte ? Il y a des gens qui, ce soir, au nom de liberté sonnant comme une fanfare, déliraient qui demain railleront leur voisin, parce qu’il ne fait pas comme eux, disons, parce qu’il ne se rend jamais au spectacle des vues animées. Il y vont, eux : donc, c’est un imbécile ! On leur apprendrait, le lendemain, qu’il a été écroué à Beauport, qu’ils n’en seraient