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Page:Berquin - Œuvres complètes, Tome XIV, 1803.djvu/126

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hélas ! le traître
A reçu l’ordre rigoureux :
Il se hâte, il connoît son maître,
Il craint un retour généreux.
Geneviève vient d’être mère,
Elle nourrit son bel enfant :
Foible appui contre la colère
Allumée au cœur d’un méchant.

A deux brigands couverts de crimes
L’ordre est donné. Dans la forêt
Ils trament leurs tendres victimes.
L’enfant est nu, le fer est prêt.
« Voulez-vous, leur dit Geneviève,
« Me tuer deux fois, mes amis ?
« Ah ! par pitié, que votre glaive
M’égorge au moins avant mon fils ! »

O doux pouvoir de l’innocence !
L’un des féroces assassins
Lève son bras : son bras balance ;
Le poignard échappe à ses mains,
« Eh ! quelle foiblesse mon ame
« Ressent pour la première fois ?
« Je ne puis tuer cette femme !
« Allez, sauvez-vous dans ces bois.