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Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/101

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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

surgé, qui ne l’arma pas, lui, et le laissa en compagnie d’ignobles soudards dans une caserne, doive lui faire prendre en mépris la guerre sociale, doive l’induire en dédain pour les aspirations communistes, déclamées, affichées avec par trop d’inconsciente et traditionnelle sublimité, agies avec un apparat vraiment trop de théâtre de foire ; car, écrira-t-il dans Une Saison en Enfer, au ressouvenir de ces choses et d’autres :


Dans les villes la boue m’apparaissait soudainement rouge et noire, comme une glace quand la lampe circule dans la chambre voisine, comme un trésor dans la forêt ! Bonne chance, criai-je, et je voyais une mer de flammes et de fumée au ciel ; et, à gauche, à droite, toutes les richesses flambant comme un milliard de tonnerres. — Mais l’orgie et la camaraderie des femmes m’étaient interdites. Pas même un compagnon. Je me voyais devant une foule exaspérée, en face du peloton d’exécution, pleurant du malheur qu’ils n’aient pu comprendre, et pardonnant ! — Comme Jeanne d’Arc ! — « Prêtres, professeurs, maîtres, vous vous trompez en me livrant à la justice. Je n’ai jamais été de ce peuple-ci ; je n’ai jamais été chrétien ; je suis de la race qui chantait dans le supplice ; je ne comprends pas les lois ; je n’ai pas le sens moral, je suis une brute : vous vous trompez. »


Néanmoins, dans Charleville, à son retour de