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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

la Commune[1], Rimbaud montre une frénésie d’approbation pour les actes des révolutionnaires parisiens, sans doute parce que les gens qu’il fréquente les réprouvent avec bêtise ; et, lorsqu’il apprend l’inclémence de la victoire de Thiers et le rétablissement de l’ordre bourgeois, sa colère contre les vainqueurs se traduit par cette terrible invective :


PARIS SE REPEUPLE


Ô lâches, la voilà ! Dégorgez dans les gares !
Le soleil essuya de ses poumons ardents
Les boulevards qu’un soir comblèrent les Barbares.
Voilà la Cité sainte, assise à l’occident !

Allez, on préviendra les reflux d’incendie
Voilà les quais, voilà les boulevards, voilà
Les maisons sur l’azur léger qui s’irradie
Et qu’un soir la rougeur des bombes ébranla !

  1. À la fin d’un article paru dans le Journal de Psychologie normale et pathologique (novembre-décembre 1910), le docteur Lucien Lagriffe, étudiant les « deux aspects d’Arthur Rimbaud » du point de vue psychiatre et avec des préjugés démocratiques impertinents dès qu’il s’agit d’un vrai poète, regrette que le rôle de son sujet sous la Commune ne soit pas bien connu. Ce rôle se borne strictement à ce que nous venons de raconter ; il fut, comme on voit, plutôt négatif et ne saurait autoriser aucune supposition d’arrivisme ou de tout autre calcul du même genre. Mon Dieu ! que l’esprit égalitaire fait donc de tort à la pensée et à la science !