Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/141

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de sa mansarde, au grand scandale, certes non escompté par lui, des bonnes de tous étages embusquées derrière les croisées de leurs cuisines et guettant les agissements du nouveau locataire dont le torse nu avait soudainement surgi de l’embrasure de sa fenêtre. Théodore de Banville, auquel on s’alla plaindre de pareille indécence, monta s’enquérir à la mansarde. « C’est, balbutia Rimbaud, tout surpris, tout rouge de confusion, que je ne puis fréquenter une chambre si propre, un lit si virginal, avec mes habits et ma chemise tout criblés de poux. » Le bon maître n’avait pas songé, jusque-là, que ce vagabond muet pût éprouver du dégoût pour ses haillons et peut-être tomber d’inanition. Il lui fit porter bien vite des habits de rechange et l’invita à partager son dîner.

Néanmoins, Rimbaud ne devait pas habiter plus de quelques jours la mansarde de la rue de Buci. Son vouloir de libres allures prit ombrage des chuchotements et des sourires commémoratifs du soir de son arrivée, sourires et chuchotements qu’en rentrant et sortant il surprenait aux physionomies des servantes rencontrées. Ne pouvant surmonter la sensation humiliante qu’il en éprouvait, dans cet escalier de service ; il résolut de ne plus reparaître à la maison.

L’exquise sollicitude de Théodore de Banville