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d’envie. À partir du jour où, après l’avoir grisé, ils s’entendirent qualifier par lui selon leur étiage, Arthur Rimbaud ne fut plus qu’un voyou, un brigand, un pédéraste !

Lui ne prévoyait pas quel calvaire la rancune de ces gens lui préparait ainsi. Ingénument, fondu dans son rêve gigantesque de beauté et de bonté, tout cœur et tout esprit, il les aimait en les malmenant. Il les aimait, sans doute aussi parce qu’ils lui faisaient goûter la félicité de l’opprobre.


II

Il ne faudrait pas croire, car ce serait commettre une grossière erreur, que les heures de Rimbaud, à Paris, s’écoulèrent dans les cafés. Sa nature s’opposait violemment à ce qu’il restât longtemps assis ; elle s’opposait également à ce qu’il fût jamais l’assidu de quelqu’un. Quand il ne parcourait pas, solitaire et intéressé, les rues kaleïdoscopiques des quartiers si divers de la