Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/152

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Elles assoient l’enfant auprès d’une croisée
Grande ouverte où l’air bleu baigne un fouillis de fleurs
Et, dans ses lourds cheveux où tombe la rosée,
Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs.

Il écoute chanter leurs haleines craintives
Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés
Et qu’interrompt parfois un sifflement, salives
Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers.

Il entend leurs cils noirs battant sous les silences
Parfumés ; et leurs doigts électriques et doux
Font crépiter parmi ses grises indolences
Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux.

Voilà que monte en lui le vin de la Paresse,
Soupir d’harmonica qui pourrait délirer :
L’enfant se sent, selon la lenteur des caresses,
Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer.


Dans les premiers moments de sa vie parisienne, après qu’il eut quitté la maison de Théodore de Banville et après la présentation à Victor Hugo, Rimbaud reçut de quelques admirateurs une aide pécuniaire. Mais ce subside, très restreint et d’ailleurs précaire, il ne toléra pas qu’on le lui servît longtemps. Se complaire redevable, en même temps qu’obligé, n’était point de son éducation ; cela, au surplus, l’eût gêné dans