Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/207

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semble que le soir, et que Rimbaud, peu communicatif de sa nature, ne tenait guère Verlaine au courant de ses diurnes occupations ? À ces réunions vespérales, entre Parisiens et Londoniens lettrés, s’engageaient des conversations « toutes d’intellectualité », dit Verlaine, et qui, Rimbaud présent, loin de pousser le poète de Langueur[1] à l’indolence, loin de l’exciter dans sa fâcheuse passion pour l’alcool, l’auraient, au contraire, incité au travail ; et, de fait, cela n’appert-il pas de la lettre en laquelle, un peu plus tard, de sa prison de Mons, Verlaine écrira, en recommandant l’impression des Romances sans Paroles : « Je tiens beaucoup à la dédicace à Rimbaud, d’abord comme protestation [contre l’accusation d’homosexualité], puis parce que ces vers ont été faits lui étant là et m’ayant poussé beaucoup à les faire. » Ce qui, entre parenthèses, n’empêchera pas M. Lepelletier, dont la sympathie pour Rimbaud était nécessairement négative, de supprimer cette dédicace à l’édition princeps du petit volume. Verlaine d’ailleurs, on devine pourquoi, ne la rétablira point aux éditions subséquentes.

Il transparait encore de cette correspondance verlainienne que Rimbaud ne fut pas, à Londres,

  1. Paul Verlaine, Jadis et Naguère.