Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cérémonies, elle ne fut pas conquise. Sous ses apparences provinciales, quasi paysannes, elle avait, au demeurant, l’esprit beaucoup plus large et le sens familial plus développé que ces Parisiens-là elle leur était bien supérieure en intelligence native et en force intrinsèque de caractère. Ce fut avec une dignité de dehors froids qu’elle écouta émettre les griefs les plus imprévus et les plus ridicules contre Verlaine. Quand ils en arrivèrent aux articulations contre son fils Arthur, maitrisant sa maternelle indignation, cette femme de fer parvint à les entendre sans sourciller. Elle était sûre, maintenant, de siéger en face de gens prêts à user de tous moyens, d’apparences, de fallaces, pour écarter de leur famille un membre dûment ou indûment déplaisant. Ah ceux-là n’eussent pas demandé mieux que de se rallier à l’idée d’une accusation en détournement de mineur. Mais Madame Rimbaud se garda bien de la soumettre ici, cette idée. Elle se contenta, sous la bordée de malveillances aigres-douces qui, en voulant atteindre son enfant, semblaient vouloir l’atteindre elle-même, de dresser altièrement la tête et de plonger dans le regard oblitéré de ces mondains l’éclat de ses yeux bleus foudroyants d’orgueil et de mépris, mépris que les processives âmes ne surent évidemment point discerner. Et elle serait partie