Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/220

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Comment se pourrait-il que ces imageries, ces symphonies colossales aient été créées, comme on l’a cru, sinon en même temps, du moins tout de suite après le chuchotis ultra-subjectif des chansons ? L’esthétique et la technique en sont très différentes. A moins qu’on ne veuille voir le point de transition dans le morceau suivant, symbole, semble-t-il, des forces destructrices et créatrices de l’esprit de Rimbaud se mêlant et communiant pour mourir momentanément dans la désillusion.


CONTE


Un Prince était vexé de ne s’être employé jamais qu’à la perfection des générosités vulgaires. Il prévoyait d’étonnantes révolutions de l’amour, et soupçonnait ses femmes de pouvoir mieux que cette complaisance agrémentée de ciel et de luxe. Il voulait voir la vérité, l’heure du désir et de la satisfaction essentiels. Que ce fût ou non une aberration de piété, il voulut. Il possédait au moins un assez large pouvoir humain.

Toutes les femmes qui l’avaient connu furent assassinées quel saccage du jardin de la Beauté ! Sous le sabre, elles le bénirent. Il n’en commanda point de nouvelles, — Les femmes réapparurent.

Il tua tous ceux qui le suivaient, après la chasse ou les libations. — Tous le suivaient.