Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madame Verlaine, dans un état d’affolement très compréhensible, rejoignit les deux amis et les suivit au poste de la Grand-Place. Il était environ six heures après-midi.

Procès-verbal fut dressé. L’agent déclara nous continuons de raconter sur pièces — que Rimbaud, en se réfugiant près de lui, fort ému et montrant son bras en écharpe, avait dit qu’il craignait d’être tué par Verlaine, duquel, la veille vers deux heures (ici il y a erreur sur )e procèsverbal, c’est : le même jour à deux heures, qu’il faut rectifier), il avait déjà essuyé un coup de feu. Le commissaire de police, dans son interrogatoire succinct, demanda à Verlaine des explications sur ces violences ; et Verlaine répondit que la raison en était dans l’obstination de Rimbaud à vouloir se séparer de lui. Rimbaud, questionné à son tour, exposa, sans davantage préciser, que la société de Verlaine à Londres lui était devenue impossible et que cependant il n’en gardait pas rancune ; il refusa de porter plainte formelle et, sur observation du commissaire, il fit remarquer que si, tout à l’heure, son ancien compagnon l’avait laissé partir librement, jamais la pensée ne lui serait venue de parler à l’agent de sa blessure préalable ni de s’en plaindre : et ceci explique pourquoi, sur tous les documents du procès, le blessé n’est jamais cité que comme