Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/256

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témoin. Madame Verlaine, interrogée ensuite, ne sut résister à l’effroi maternel qui lui fit croire qu’en chargeant la victime, elle déchargerait le coupable. « Depuis deux ans environ, dit-elle, Rimbaud vit aux dépens de mon fils qui a eu à se plaindre de son caractère acariâtre et méchant. » Son égoïsme tendre, sans qu’elle se rendît compte qu’en déposant ainsi elle ouvrait le champ à des suppositions de crime passionnel, la faisait injuste et aveugle : nous ne songeons pas, répétons-le, à lui en faire reproche. Elle ajouta pourtant que son fils avait agi dans un moment d’égarement alcoolique. Laissons Verlaine raconter lui-même l’issue de la comparution :


Après le plus court, mais, grâce à un insouci à moi plus peut-être qu’à mon compagnondes conséquences qui pouvaient s’ensuivre pour votre serviteur, le plus circonstancié des procès-verbaux (est-ce bien l’expression ? ), le magistrat relâcha Rimbaud, tout naturellement, mais en le prévenant d’avoir à se tenir à la disposition et décida que je serais conduit sur-le-champ à l’Amigo[1].


L’administration de la justice de Brabant,

  1. Paul Verlaine, Mes Prisons.