Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/275

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son idéal. Il m’a dit avoir des regrets, des espoirs cela ne doit, pas me regarder. Parle-t-il à Dieu ? Peut-être devrais-je m’adresser à Dieu

S’il m’expliquait ses tristesses, les comprendrais-je plus que ses railleries ? Il m’attaque, il passe des heures à me faire honte de tout ce qui m’a pu toucher au monde, et s’indigne si je pleure.

… Hélas ! il y avait des jours où tous les hommes agissant lui paraissaient les jouets de délires grotesques ; il riait affreusement, longtemps. — Puis, il reprenait ses manières de jeune mère, de sœur aînée. S’il était moins sauvage, nous serions sauvés ! Mais sa douceur aussi est mortelle…


Il va sans dire que l’expression d’époux infernal, non plus d’ailleurs que celle de vierge folle, ne doit éveiller ici aucune idée de matérialité, quelle que soit la nudité de style employée. Il en est de même pour les propositions d’apparence réaliste, telles que « nous voyagerons, nous chasserons dans les déserts, etc. », qui ne sauraient avoir un sens autre que spirituel ou mystique. Nous sommes en Enfer, c’est-à-dire dans un lieu d’où les corps sont absents et l’auteur, à son grand regret — il l’a dit — ne peut s’expliquer « sans paroles païennes ». L’apostrophe de l’époux infernal coupant, vers la fin du chapitre, la confidence de la vierge folle :


— Tu vois cet élégant jeune homme, entrant dans