Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/278

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sables du malheur, que c’en était bien fini désormais, et quoi qu’il arrivât, de cette amitié calamiteuse.

— Et tes papiers, te les a-t-on rendus, au moins ?

— Non. Je les compte à présent perdus. Du reste, je ne veux plus tenter de les ravoir.

La journée s’acheva pour lui dans la tristesse la plus morne. Il ne fallait pas songer à le consoler, refermé qu’il était ainsi farouchement sur sa peine. On essaya de le distraire. Ce fut en vain.

Dès le lendemain, s’isolant dans son grenier à grain où, au printemps, il l’avait ébauchée, il continua d’écrire et de mettre au point Une Saison en Enfer.

Ce jour-là et les jours suivants, dans la salle à manger, à la table de famille, il est de plus en plus triste, muet. Mais, aux heures de travail, à travers le plancher, on perçoit les sanglots qui réitèrent, convulsifs, coupés, tour à tour, de gémissements, de ricanements, de cris de colère, de malédictions.


L’état d’âme dans lequel nous avons vu Rimbaud à l’hôpital Saint-Jean de Bruxelles ne se