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Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/281

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hérédités pour y reconnaître quelqu’un de semblable à lui, lui qui a gardé permanent dans sa conscience le reflet, le sceau de la dignité édénique !


N’eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse, à écrire sur des feuilles d’or, trop de chance ! Par quel crime, par quelle erreur, ai-jee mérité ma faiblesse actuelle ? Vous qui prétendez que des bêtes poussent des sanglots de chagrin, que des malades désespèrent, que des morts rêvent mal, tâchez de raconter ma chute et mon sommeil. Moi, je ne puis pas plus m’expliquer que le mendiant avec ses continuels Pater et Ave Maria. Je ne sais plus parler[1] !


Il ne sait plus parler, maintenant que faible, maintenant que les yeux dessillés à la sombre réalité terrestre, il a vu~ce monde méchant, peccamineux, maudit, incitateur de crime et de mort ; qui est « bien l’Enfer, l’ancien, celui dont le fils de l’Homme ouvrit les portes », et qu’il personnifie dans Satan en lui dédiant son ouvrage.

Mais quelle erreur personnelle lui a donc valu sa chute, cette chute dans cette nuit ? « Je n’ai pas fait le mal », dit-il. Ne serait-ce point le péché originel, cette tare adamique, qui, par

  1. Les mots en italique ont été soulignés par Rimbaud.