Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/283

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comme cela ? Torture subtile, niaise ; source de mes divagations spirituelles. La nature pourrait s’ennuyer, peut-être ! M. Prudhomme est né avec le Christ.


Sans doute, il y aura des heures où son esprit sera bien éveillé, où il voguera en pleine sagesse, dans la pureté. « Mais l’horloge ne sera pas arrivée à ne plus sonner que l’heure de la pure douleur », et le péché originel reviendra « déchirante infortune ! » — arrêter de nouveau son ascension vers Dieu, vérité, justice, charité, lumière, beauté. Il retombera alors dans la Nuit de l’Enfer, dans le monde délirant et grotesque, qui lui soufflera le doute, l’erreur, la haine, « magies, parfums faux, musiques puériles », l’art, la laideur, la sottise[1] ; qui lui criera : « Orgueil » quand il aura des élans mystiques, non plus pour les bizarreries du style et les nouveautés de la pensée, mais vers la perfection morale, le Ciel ; qui l’humiliera, qui essayera de le déshonorer. Ce sera « le sommeil dans un nid de flammes » ; et il se complaira encore, peut-être, dans les menteuses délices de ce supplice, où « les hallucinations sont innombrables ». Nonobstant, quoique passé ma !tre en ces « fantasmagories », pour ne pas exciter l’envie, il s’en

  1. « Maintenant — a écrit Rimbaud dans une ébauche du chapitre Délires II d’Une Saison en Enfer — je puis dire que l’art est une sottise. »