Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/285

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sup- trop court. Au dernier moment, j’attaquerais à droite, à gauche. Alors — oh ! – chère pauvre âme, l’éternité serait-elle pas perdue pour nous !


Le Matin paraît. Les ténèbres sont dissipées. Comme toujours, ce matin-là, les yeux las du maudit « se réveillent à l’étoile d’argent N, au guide qu’est le travail « sans que s’émeuvent les Rois de la vie, les trois mages, le coeur, l’âme, l’esprit ». Pourtant, la fraîcheur et la tendresse aurorales lui font entrevoir, au ciel renaissant, par delà l’horizon encore imprécis, une lumière réconfortante d’espoir :


Quand irons-nous, par delà les grèves et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la fin de la superstition, adorer — les premiers ! — Noël sur la terre ?… Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves, ne maudissons pas la vie.


Et c’est cet espoir même du salut dans l’élaboration d’une œuvre de sagesse pour laquelle, affranchi desnécessités matérielles et loin des civilisations insanes et inanes, s’émouvront de concert soncœur, son âme etson esprit,en puissance enfin de s’élever par un mysticisme vierge vers la perfection divine, vers la pure beauté qu’il sait saluer à présent ; c’est cet espoir même qui le fait renoncer à l’art de la poésie — « point de