Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/287

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acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d’artiste et de conteur emportée. — Moi ! moi…

Enfin — conclut-il dans un sublime mouvement de repentir et de sacrifice — je demanderai pardon pour m’être nourri de mensonge. Et allons.

… Allons ! — « En marche » — Quoiqu’il ne se reconnaisse à Paris aucunes relations capables de l’aider à la conquête d’une position d’attente et libératrice, il lui faut y partir. « L’heure nouvelle est au moins très sévère », dit-il. Il n’a pas d’amis. C’est vrai. Mais ne se rit-il pas à présent des vaines et traîtresses affections, et ce détachement ne serait-il pas plutôt une chance de victoire ? Dans le mutisme de sa vie solitaire au milieu des foules bavardes, durant cette vigile en le labeur machina ! qui le laissera s’imprégner de « vigueur et de tendresse réelle », il se préparera du moins, avec « une ardente patience », à entrer aux « splendides villes » de son but idéal, dans les fêtes de sa pensée, où il lui sera enfin loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.


Nous ne nous targuons point d’avoir, en ces quelques pages, donné une complète explication