Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/288

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d’Une Saison en Enfer. Ajournant même nos observations sur ce que cette œuvre comporte de prophétique, nous avons essayé seulement, pour rester biographe, d’en indiquer l’arabesque psychologique. L’écriture de Rimbaud, en général, offre, par ses racines comme par sa tige et ses ramures, par la pensée comme par l’expression, un tel prolongement, une telle marque d’infini, qu’il faudrait l’attention de plusieurs générations d’analystes pour en mesurer, pour en saisir toute l’étendue. Il y a dans la parole de ce passant parmi nous, et peut-être davantage dans son silence, matière à dissertations aussi bien pour les théosophes et les théologiens que pour les philosophes et les esthéticiens. Voici qu’on commence à proclamer d’Une Saison en Enfer qu’elle est un chef-d’œuvre de la littérature française. Il nous paraît, après y avoir longuement réfléchi, qu’elle est autre chose d’encore plus exceptionnel. Elle est, de même au reste que les Illuminations, un fait métaphysique, un miracle. Car Rimbaud, évidemment, fut plus qu’un écrivain, plus qu’un poète, plus qu’un homme. Il est, selon l’expression de Paul Claudel, « un esprit angélique certainement éclairé de la lumière d’en haut » ; il est, selon la définition de Paul Valéry, « un feu, un acte pur de divination ».

Faut-il voir dans le seul ouvrage que cet être