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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

Si les allures intellectuelles du jeune rhétoricien s’indisciplinent, sa tenue extérieure devient aussi moins correcte. Par les rues de Charleville, il n’est plus autant qu’autrefois « convenable ». Il commence à prendre, vis-à-vis des notables carolopolitains, des airs narquois. À la maison, les « tics noirs » se sont multipliés. Des plaintes sur ses façons d’être arrivent du collège à sa mère, qui l’admoneste sévèrement, sans trop de rigueur toutefois, car ses études, visiblement, n’ont pas souffert ; et puis, réfléchit-elle, il faut attribuer ces inégalités d’humeur, ces bizarreries, à l’âge ingrat.

Avec sa franchise habituelle, excessive comme toute sa nature, Rimbaud nous a tracé son portrait de ville dans une pièce datant précisément de 1870, pièce dont il existe plusieurs variantes, mais qui n’est pas de ses meilleures, sans doute

    lecteurs d’une revue de littérature qu’il avait prêté Notre-Dame de Paris à son élève pour qu’il y fît « provision de couleur locale en vue d’un discours français donné en classe et portant ce titre : Lettre de Charles d’Orléans à Louis XI pour solliciter la grâce de Villon menacé de la potence ». On a lu plus haut le discours de Rimbaud. Il ne s’y marque guère de souvenirs de Notre-Dame de Paris, mais bien plutôt de Villon, de Basselin, de Charles d’Orléans, de Rabelais, de Marot ; et puis, Rimbaud se serait-il contenté d’un à peu près ? — Au lieu que ce passage d’Une Saison en Enfer « Encore tout enfant, j’admirais le forçat intraitable sur qui se referme toujours le bagne, etc. », en évoquant clairement Jean Valjean, prouve la lecture des Misérables.