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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

— C’est, aussi beau que les plaintes d’Antigone άγϰηφη dans Sophocle. — J’ai les Fêtes galantes de Paul Verlaine, un joli in-12 écu. C’est fort bizarre, très drôle ; mais, vraiment, c’est adorable. Parfois, de fortes licences ; ainsi :

Et la tigresse épou — vantable d’Hyrcanie

est un vers de ce volume. — Achetez, je vous le conseille, la Bonne Chanson, un petit volume de vers du même poète ça vient de paraître chez Lemerre ; je ne l’ai pas lu ; rien n’arrive ici ; mais plusieurs journaux en disent beaucoup de bien.

Au revoir, envoyez-moi une lettre de 25 pages — poste restante — et bien vite.

A. Rimbaud.

P.-S. — À bientôt, des révélations sur la vie que je vais mener après… les vacances[1].

Madame Rimbaud, pendant les vacances scolaires, avait l’habitude d’aller promener ses

  1. Cette intéressante lettre inédite nous a été communiquée par le poète Ernest Raynaud. Elle est bien de celui qui devait plus tard faire goûter à Paul Verlaine le talent de Desbordes-Valmore. On s’étonnera, par contre, de voir Rimbaud reprocher à Verlaine des libertés prises avec un art qu’il bouleversera lui-même de fond en comble. Nous croyons que les vers joints à cette lettre étaient Soleil et Chair.