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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

L’examen de mystérieux papiers saisis sur lui, et qui n’étaient autres que ses vers, l’avait, en l’intelligence policière, à cause surérogatoire des actuelles préoccupations politiques, rendu suspect d’espionnage, d’affiliation à quelque secrète société de conspirateurs. Il ne voulait pas, en outre, ce méchant gamin d’accent on dirait tudesque, fournir des renseignements sur son état-civil et ses parents ; il n’avait point d’argent sur lui. On l’expédia à Mazas sous l’inculpation d’outrage aux agents, de vagabondage, etc… Et voici qu’après la geôle familiale et l’universitaire c’était, pour le frénétique aspirant à la liberté, l’écrou national ! Il eut tôt à méditer étroitement sur la qualité des contrats sociaux, ce poète.

Après quelques jours d’emprisonnement, la République venant d’être proclamée, il consent à livrer à la justice son nom et l’adresse de sa famille. Mais l’invasion, après la bataille de Sedan, a, depuis qu’il est arrêté, intercepté les communications de Paris avec l’Est. Il donne la référence de M. Izambard, à Douai. On abandonne les inculpations d’outrage aux agents et les autres ; on lui demande simplement, afin de faire tomber celle retenue de vagabondage, qu’il se fasse réclamer et obtienne qu’on rembourse la compagnie du chemin de fer. La fierté du prisonnier baisse, et