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La joie et le bonheur repeupleront nos champs,
La paix va rappeler leurs belliqueux enfans :
Ces guerriers[1] qui d’amour portent l’aimable chaîne,
Sans obstacle suivront l’ardeur qui les entraîne ;
Hymen embellira les fêtes des hameaux ;
Hymen du laboureur embellit le repos.

Qu’ils sont changés ces tems de douleur et d’alarmes
Où l’Aurore éveillée au tumulte des armes,
Aux portes d’Orient retardant son retour.
Semblait avec effroi nous ramener le jour ;
Et d’un voile orageux[2] ceignant sa chevelure,
Voulait à nos regards dérober la Nature,
Redoutant d’éclairer quelques malheurs nouveaux !

Français ! au souvenir de tes nombreux travaux,
Connais mieux le bonheur désormais ton partage.

Tel le navigateur qu’a tourmenté l’orage,
Sur le rivage assis contemple au loin les mers,
Heureux à ce tableau[3] des maux qu’il a soufferts,

  1. Six mille militaires ont été mariés dans l’Empire par décret de S. M.
  2. Cùm caput obscurâ nitidum ferrugine texit,
    Impiaque æternam timuerunt secula noctem.

    Virg., Georg. I.
  3. Suave mari magno turbantibus æquora ventis,
    É terrâ magnum…… Spectare laborem.

    Lucrèce, lib. II.