Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/103

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 vy cependant, moy dont l’ingrate audace
Devroit pour chastiment mille morts recevoir :
Et j’ose cependant lever encor la face
Vers les cieux qui, peut-estre, ont horreur de me voir.
Ô seigneur, que fais-tu, qui décoches ta foudre
Sur le dos innocent de quelque vieux rocher,
Que tu ne reduits point ce méchant cœur en poudre :
Dont nul roch en durté ne sçauroit approcher ?
Tu le peux justement, mes crimes le meritent :
Mais, ô souverain juge, il me prend bien de voir
Qu’à punir les forfaits dont nos ames t’irritent,
Ton vouloir ne va pas égalant ton pouvoir.

CANTIQUE SUR CONVERSION DU ROY

Ce qu’avec tant de vœux mon ame a desiré,
Comme le seul remede à nos maux preparé,
S’accomplit maintenant pour l’heur de cet empire :
Le roy plante en son cœur la foy de ses ayeux,
Et fait par ce sainct œuvre esperer à nos yeux
De voir finir le dueil dont l’Europe souspire.
Benist soit le seigneur, nostre unique support :
Il ne veut plus souffrir que tousjours loin du port
La nef de ce royaume en la tempeste flotte :
Bien monstre-il que ce coup n’est point un œuvre humain,
Et que le cœur des rois est vrayment en sa main,
Comme le gouvernail en celle du pilote.