Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/110

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 ROY CONVIER REVENIR A PARIS

Vous qui comme Persee, avec la sage ruse
Dont la vertu conduit ses genereux projets,
Avez trenché la teste à l’horrible Meduse
Qui changeoit en rochers les cœurs de vos sujets,
Grand roy, venez revoir vostre belle Andromede
Qui n’aguere exposee aux monstres du malheur,
Ne doit sa delivrance à nul autre remede
Qu’à vostre seule grace, et prudence, et valeur.
Venez revoir Paris, ceste antique navire
Qu’un orage excité par la fureur du sort
Alloit ensevelir dans les flots de son ire
Sans vostre heureux secours, son vray phare et son port :
Voyez comme le ciel l’en ayant preservee
Elle brave l’orgueil des vents plus inhumains,
Et trouve moins de joye au bien d’estre sauvee
Que de gloire en l’honneur de l’estre par vos mains.
Ceste ville sans pair, cet abregé de France,
Où repose et le throne et le sceptre des rois,
Vous veit comme un esclair luire à sa delivrance
Quand elle recogneut l’empire de vos loix,
Semblable à ce feu sainct qui paroist en l’orage,
Sauve les matelots de peril menacez,
Puis soudain se retire en l’ombre du nuage
Comme si pour sauver paroistre estoit assez.
Mais cela n’a causé qu’une publique envie
De jouyr plus long temps du regard de vos yeux,
Tant chacun aime à voir revivre en vostre vie
Les fameuses vertus des grands rois vos ayeux :