Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/118

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L’arc que revere és bois la plus fiere napee
Ne se pouvant courber sous l’amoureuse loy,
Que par la plus fameuse et plus vaillante espee
Qui jamais se fist creindre en la main d’un grand roy.
Quels festons, quelles fleurs, quels doux chants de liesse,
Quels ardants feux de joye en mille lieux épris
Seront dignes tesmoins de la juste allegresse
Que ce sainct hymenee excite en nos esprits ?
Qui ressent le plus d’aise, ou vous valeur extréme,
Possedant la beauté d’une si rare fleur,
Ou vous fleur de beauté seule égale à vous-mesme,
Conjointe au parangon de clemente valeur ?
Certes ou ceste joye est pareille en vos ames,
Ou bien si sa douceur vous paist diversement,
Celuy de vous qui brusle en de plus vives flames
Est le plus transporté d’un doux ravissement :
Car plus l’amour d’un bien travailloit l’esperance,
Plus en l’ayant acquis on ressent de plaisir :
Et le contentement qui suit la jouïssance
Se mesure tousjours à l’ardeur du desir.
Vous que tout l’univers se promet pour monarque,
Grand roy, goustez un peu l’heur que vous possedez,
Jouïssant d’une fleur dont le choix est pour marque
Qu’amour incessamment n’a pas les yeux bandez.
Nul qui vive icy bas ne peut voir sans merveille
Luire en un corps humain tant de graces des cieux,
Et ceux que son renom attiroit par l’oreille,
Son regard maintenant les ravit par les yeux.
La douce majesté qui pare un diadême
S’assiet en son visage, et démarche en ses pas :
La beauté devant-elle est presque sans soy-mesme,
Et les graces sans grace, et Venus sans appasts,