Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Soyez, en bien aymant, l’exemple qui l’incite
À faire que le sien croisse de jour en jour :
Et ce que par devoir vostre vertu merite,
Veuillez le meriter mesme encor par amour.
Et vous en qui le ciel ses richesses admire,
Et que sa grace appelle à ce sort bien-heureux
De voir sous vostre sceptre un si puissant empire,
Et d’avoir pour espoux un roy si genereux,
Royne de qui la gloire emplit la terre et l’onde,
Voyez de quel honneur vostre front est vestu,
Certaine de passer les plus grandes du monde
En extreme bon-heur aussi bien qu’en vertu.
Vous ne possedez point le cœur d’un de ces princes
À qui l’heur d’estre grands tient lieu d’unique bien,
Qui pour toute loüange ont de riches provinces,
Et qui tous rois qu’ils sont, d’eux mesmes ne sont rien :
Mais d’un si venerable aux ames plus felonnes,
Qu’estant, en ce sommet et de puissance et d’heur,
Plus grand par ses vertus qu’il n’est par ses couronnes,
Son double diadême est sa moindre grandeur.
Aymez et reverez pour ses graces extrémes,
Et pour tant de lauriers qui le font admirer,
Ce que les plus cruels de ses ennemis mesmes
Se sentent par contrainte aymer et reverer.
Bruslez encor pour luy quand la saison des rides
Ne lairra plus vos lis et vos roses fleurir,
Et soyez desormais comme deux pyralides
Qui dans un mesme feu veulent vivre et mourir.
Vous l’embrassez orné des victoires nouvelles
Dont n’agueres nos cœurs se sont enorgueillis,
Et l’hymen qui vous ceint de chaines eternelles
A le front tout couvert de lauriers frais cueillis :
Mais ce sont des effects que son bon-heur enfante :
Et c’est plus qu’à bon droict, qu’apres tant de hazards,