Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/121

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Où l’Amour fut armé, Junon est triomphante :
Ainsi devoit Diane estre conjointe à Mars.
Face la loy du ciel que ce soit un presage
Qu’il naistra de vous deux de triomphans guerriers,
Qui mesme entrant au monde auront tout le visage
Fierement ombragé de superbes lauriers.
L’acier leur armera la dextre et la senestre,
Et de fer tout doré leur sein ira brillant.
Ainsi nasquit Pallas : ainsi nous doivent naistre
Les magnanimes fils d’un pere si vaillant.
Mais non, que l’olivier ceigne leurs jeunes testes,
En pacifiques rois plustost qu’en triomphans :
Aussi bien vivront-ils sans guerrieres conquestes :
Le pere en ravira le sujet aux enfans.
Avant que d’icy bas aux cieux il se retire,
Si rien doit arrester ses triomphes divers,
Ce sera ne pouvoir estendre son empire
Par de-là les confins qui bornent l’univers.
C’est pourquoy l’heureux cours des fortunes presentes
Ne laissent à la France aucun mal redouter,
Sinon que les fureurs des civiles tourmentes
La viennent de rechef de leurs flots agiter,
Nous requerons sans cesse une paix asseuree
Qui mette à ses malheurs une eternelle fin :
Et vous, sage beauté, pour tel bien desirée,
Vous nous la donnerez nous donnant un dauphin.
Puisse-il naistre bien-tost pour calmer tous orages :
Different en cela des daulphins de la mer,
Qui nageans sur les flots sont asseurez presages
Que bien-tost leur courroux les doit faire escumer.
Le ciel ayant donné, par l’effroy de la guerre,
Un si genereux prince à nos loix pour appuy,
Ne peut plus nous donner rien de grand sur la terre,
Sinon un successeur du tout semblable à luy.

SUR