Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/123

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Imitant ce grand roy ta gloire et nostre appuy :
Car sa rare valeur n’ayant point de pareille,
Tu serois bien toy-mesme une estrange merveille,
De n’estre point vaillant, et d’estre yssu de luy.
Mais, ô nouveau Cesar, que ce soit l’Arabie,
Ou la thrace guerriere, ou l’ardante Libye,
Qui fournisse à ton chef des lauriers tousjours verds,
Quand l’audace ottomanne ayant esté frapee
De la foudre des coups tombants de ton espee
Le bruit en tonnera parmy tout l’univers.
Que desormais sous toy sommeillent nos provinces :
Que nous ne voyons plus nos peuples et nos princes
Se meurtrir sans pitié de parricides coups.
Assez long temps la France a ploré ses trophees :
Y soient à l’advenir les guerres étoufees,
Nous manquant le sujet de triompher de nous.
Et cet heur adviendra : tout desja nous l’augure :
Tout fait que l’esperance en nostre ame figure
L’estat delicieux d’un durable repos :
Et semble que desja tournant l’oeil sur les armes
Où ton genereux pere a tant passé d’allarmes,
Du sein de ton berceau tu leur tiens ces propos :
Armes, que le grand roy qui vous rend glorieuses
Ne devestit jamais sinon victorieuses,
La paix pour quelques ans vous a fait dépouïller :
Mais moy je vous tiendray si long temps devestués,
Qu’au lieu que les malheurs qui vous ont combattuës,
Vous ont fait resplendir, je vous feray roüiller.
Je vous feray roüiller à l’ombre de l’olive,
Jusqu’à tant que mon âge à son printemps arrive,
Et que j’en voye un jour mes membres revestus :
Succedant à sa gloire avec tant de merite,
Que nulle vive voix, que nulle histoire escrite
Ne me puisse jamais reprocher ses vertus.
Ainsi sembles-tu dire en ton muet langage :
Et tout ce grand royaume, à qui tu sers de gage
Du