Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/124

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 repos que le ciel luy promet desormais,
Secondant de ses vœux la fin de tes paroles,
Monstre en des cris de joye atteignans jusqu’aux poles,
Que tout ce qu’il desire est ce que tu promets.
Aussi manquois-tu seul aux souhaits de la France,
Et sans le doux espoir qui naist de ta naissance,
Bien eust peu croire encor la publique douleur,
Tant d’illustres effects de bon-heur manifeste
Ne nous estre donnez de la bonté celeste,
Que pour servir de proye à quelque autre malheur.
Mais ainsi que le dieu qui les ans renouvelle,
En naissant attacha d’une chaine eternelle
Déle ondoyante encor sur le flot azuré :
Ainsi, royal enfant, ta naissance a la gloire
D’affermir et fonder, mieux qu’aucune victoire,
Le repos de la France encor mal-asseuré.
C’est pourquoy, si le peuple aux astres en envoye
Tant de cris d’allegresse entre ses feux de joye,
Et du bruit des canons fait tout l’air retentir :
Certes, puis que ce bien rend sa crainte amortie,
Sa joye est juste et saincte ; et s’il ne l’eust sentie,
Il n’eust pas merité de jamais en sentir.
Mais si ceste allegresse en quelqu’un est extréme,
Bien doit-elle, ô grand roy, te ravir à toy mesme,
Et faire refleurir les plaisirs de ton cœur ;
Puis qu’entre les succez dont ton regne prospere,
Il ne te restoit plus que d’estre un heureux pere,
Apres t’estre fait voir un si clement vainqueur.
Qui d’entre les mortels dignement pourra dire
Quel heur à ta grandeur, et quel à ton empire
Ce royal enfançon apporte quand et soy ?
Il fait qu’en doux repos ton estat se maintienne :