Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/128

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Et donne au fils du roy pour guide ta justice,
Afin que tous ses pas cheminent en ta loy.
Ceste rare vertu conseillant ses pensees,
Il sera le support des ames oppressees,
Et l’asseuré recours des peuples affligez :
Le pauvre et l’innocent l’auront pour leur deffence :
Et les justes sous luy recevants quelque offence,
S’ils n’en sont secouruz, ils en seront vangez.
Par luy la douce paix et ses cheres compagnes
Verseront tous leurs fruits sur le dos des montagnes,
Pour n’en laisser jamais l’abondance tarir :
Et la saincte equité chargera les collines
De ceux que la vertu produit de ses racines,
Et que toy, grand soleil, tu fais croistre et meurir.
Il ira loing de luy chassant la calomnie,
Et fera voir la foy que la fraude a banye,
Revenir demeurer sur ce ferme element :
Arrachant et le pauvre et l’humble tout ensemble
Des ongles du méchant, et de celuy qui semble
Avoir receu des mains pour ravir seulement.
Aussi, tant qu’on verra la lumiere commune
Et de l’ardant soleil et de l’humide lune,
D’un tour alternatif proumener sa splendeur ;
Autant vivra sa gloire illustre et reveree :
La seule eternité mesurant sa duree,
Et l’infinité seule égallant sa grandeur.
Nos champs fumoient encor des flames de la guerre,
Qu’il vint entre nos vœux se monstrer à la terre,
Plus doux que n’est la pluye à l’herbage alteré :
Sur le publique espoir qu’en essuyant nos larmes,
Il fera succeder à l’empire des armes
Le regne d’un repos constamment asseuré.
Et, seigneur, tu rendras cet espoir veritable,
Ornant la majesté de son trosne équitable
Des immortelles fleurs dont la paix est le fruit :
Et le feras regner, que la lune argentee