Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/129

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Ne versant plus ça bas sa lumiere empruntee,
Cessera d’estre au ciel le soleil de la nuit.
Il plantera ses loix sur toute l’estenduë
Que l’une et l’autre mer largement épanduë
Borne tout à l’entour de limites flottants :
Son sceptre deviendra la mesure du monde :
Et les champs infinis de la terre et de l’onde
Verront ses subjects seuls estre leurs habitants.
Ceux que le Nil abreuve en ses ondes naissantes
Revereront les pas imprimez de ses plantes,
Baissants sous ses genoux leur superbe sourcy :
Mesme ses ennemis en lecheront la poudre :
Et de son puissant bras ayans senty la foudre,
Fuiront de sa vaillance aux pieds de sa mercy.
Les rois de qui la mer couronne les provinces,
Et ceux que l’Arabie arrange entre ses princes,
Viendront chargez de dons implorer sa bonté :
Tous reverants autant les loix de sa puissance
Que si ne vivre point sous son obeissance,
C’estoit rebellion, et non pas liberté.
Bref le ciel ne verra sceptres ny diademes
Qui n’adorent son nom, et les graces extremes
Dont il fera par tout ressentir les effects :
Et de qui le renom, et la gloire, et les charmes
Pourront plus sur les cœurs sans contrainte et sans armes,
Que le sanglant acier sur ceux qu’il a deffaicts.
Car offencé de voir l’equité violee,
Il deffendra des grands la vefve desolee,
Et le pauvre orfelin à qui l’on fera tort :
Il leur ira servant et d’espoux et de pere,
Tellement que leur bien naissant de leur misere,
Ce sera leur bon-heur que manquer de support.