Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/130

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Il bannira de luy le traistre et le perfide :
Vengera sans pitié sur la dextre homicide
Le sang de l’innocent méchamment épandu :
Et fera qu’en vivant aux pauvres favorable,
Estre à tort affligé soit un mal desirable,
Et sujet d’esperer que d’avoir tout perdu.
Vive donc à jamais son los et sa memoire :
Et vive sa grandeur riche d’heur et de gloire,
De l’or des estrangers, et de l’amour des siens.
Que toute ame icy bas le benisse et le loüe,
Face pour luy des vœux, et justement avoüe
Son regne estre le nom d’un siecle de tous biens.
Mille forests d’épics de qui les vertes ondes
Flotteront au sommet des costes moins fecondes,
Sembleront imiter les grands bois du Liban :
Et les peuples heureux fleuriront dans les villes,
Comme on voit fleurir l’herbe és campagnes fertiles,
Quand avril rajeunit le visage de l’an.
Soit sa gloire icy bas incessamment benie :
Soit l’honneur de son los de duree infinie,
Et d’un lustre eternel par le monde éclairant.
Que tout cet univers en son nom se benisse,
Et qu’il rende le ciel à la terre propice,
Bien-heureux en soy-mesme, et chacun bien-heurant.
Mais sur tout, ô seigneur, le los de tes merveilles
Face eternellement sonner à nos oreilles
Ce nom de qui les rois tiennent leur majesté.
Tout est plein de ta gloire, aussi tout la publie :
Car mesme, quand l’ingrat ou la taist, ou l’oublie,
Sa propre ingratitude éleve ta bonté.