Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/140

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Monstrans que Dieu reçoit et benit leurs premices :
De mesme, sa vertu produisoit des effects
D’homme entier et parfaict en ses ans imparfaits,
Démentans les tesmoins de son tendre et bas âge,
Et prouvans qu’il seroit d’invincible courage,
Soit à la volupté, dédaignant ses appas ;
Soit aux perils futurs, méprisant le trespas ;
Soit à ses passions, leur faisant resistance ;
Soit aux malheurs humains, estant plein de constance,
Car autant que son cœur devant Dieu s’abaissoit,
Et que dessous ses loix en crainte il flechissoit,
Autant s’eslevoit-il, d’un mépris magnanime,
Par dessus la fortune, et l’idolatre estime
Des vanitez du monde, à qui sont adressez
Les plus ardants desirs des mortels insensez :
N’admirant que les faicts où les mains nompareilles
De l’eternel ouvrier ont gravé leurs merveilles :
N’ayant crainte de rien, sinon de l’offenser :
Et portant cet oracle escrit en son penser,
Que le roy qui craint Dieu, le servant sans se feindre,
Ne doit rien craindre au monde, et de tout se voit craindre :
Ou celuy qui sa crainte en son ame n’empreint,
Se voit presque tout craindre, et de nul n’estre creint.
Muny de ce penser, comme de fortes armes
Sur qui l’on auroit dit les puissans mots des charmes,
Il bravoit les perils assaillans sa valeur,
Et ceste ame tranquille au plus fort d’un malheur
Que donne à des enfans leur humeur peu sensible,
La vertu la donnoit à ce cœur invincible :
Le rendant desja tel que par l’art du pinceau
Hercule est exprimé, lors qu’encor au berceau,
Poursuivy de Junon, les monstres il assomme,
D’âge estant un enfant, et de courage un homme.
Il le fit bien paroistre à ces princes mutins,
Qui faisans peu de cas de ses ans enfantins,
Et jugeans