Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/160

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C’est la faveur d’un bien que tu peux obtenir
De ce bien souverain d’où tout bien doit venir,
Maintenant que sa grace épandant sur ton ame
Les rayons glorieux de ceste heureuse flame
Par qui l’estre immortel dans l’esprit est infus,
Rend ce que tu requiers garanty de refus.
Obtiens-le donc, grand roy, par tes sainctes prieres :
Fay couler dessus nous du pere des lumieres
Quelque rayon de grace illuminant l’orreur
De ces mortelles nuits de volontaire erreur,
Où nous font égarer, depuis quarante annees,
Des mers d’ambition les vagues mutinees :
Avec si peu d’espoir d’en voir calmer les flots,
Que je croy (si le ciel touché de nos sanglots
Quelque rare faveur au besoin ne nous preste)
Qu’apres maintes saisons, la cruelle tempeste
Dont il plaist au destin ce royaume assaillir,
Et nous aura veus naistre, et nous verra vieillir.
Ô toy qui ces fureurs déchaines ou captives,
Qui depars les lauriers, qui depars les olives,
Grand dieu, l’unique espoir de ces malheureux jours,
Si nos maux sont encor au milieu de leurs cours,
Et s’il est arresté par les decrets celestes,
Qu’encor durent long temps ces orages funestes,
Au moins en si perverse et cruelle saison
Garanty de méchef ceste auguste maison,
Et fay que les malheurs qui combattent sa gloire
Servent d’un doux triomphe à son char de victoire,
Ses plus fiers ennemis se renversans à bas,
Fameux par leur defaitte et non par leurs combats.
Ce sont vœux qu’un desir secondé d’esperance
Fait devant tes autels avec toute la France,
Certain qu’à la vertu de ce sang genereux
Ta grace a reservé par un sort bien-heureux,
L’honneur d’esteindre un jour nostre flamme intestine,
Ou qu’à nul des mortels ce bien ne se destine.
Mais quand pour le respect du publique bon-heur
Je ne concevrois point ces vœux en son honneur,